Salafisme djihadiste

Drapeau djihadiste avec la chahada, utilisé notamment par al-Qaïda.
Drapeau créé par l'État islamique d'Irak en 2007, marqué du sceau de Mahomet, adopté par plusieurs groupes salafistes djihadistes.

Le salafisme djihadiste ou djihadisme salafi, traduction de l'arabe salafiyya jihadiyya, est une idéologie politico-religieuse islamiste apparue vers la fin des années 1980 et le début des années 1990[1],[2]. Il s'agit d'une forme de salafisme. Tous les salafistes se réclament à la fois d'Ibn Taymiyya et Mohammed Ben Abdelwahhab et suivent la doctrine d'Al-wala' wal-bara'.

Il se caractérise par la revendication d'un devoir à titre individuel d'une forme violente d'un djihad transnational, et par la référence à un mouvement religieux salafiste dont le but serait de retourner à un islam originel qui serait le seul véritable du point de vue des tenants de cette doctrine[3],[4]. De manière générale, le courant salafiste djihadiste ne reconnaît pas les frontières établies dans le monde musulman et prône l'instauration d'un État islamique et le rétablissement du califat.

Le courant djihadiste apparaît dans les années 1980, lors de la guerre afghano-soviétique ; son principal penseur est alors Abdallah Azzam, lui-même influencé par Sayyid Qutb, un théoricien issu d'une mouvance radicale et révolutionnaire des Frères musulmans[5]. Mais la rupture au sein du salafisme a lieu en 1991 avec la guerre du Golfe, lorsque des Fatwas émises par Riyad autorisent l'armée américaine à se déployer sur le sol saoudien[2]. La tendance « salafiste djihadiste » se forme alors par opposition à l'alliance entre l'Arabie saoudite et les États-Unis ; la tendance fidèle au pouvoir saoudien, majoritaire, est pour sa part appelée « salafiste quiétiste »[2]. L'idéologie salafiste djihadiste est alors développée par des penseurs musulmans comme Abou Qatada, Abou Moussab al-Souri ou Abou Mohammed al-Maqdisi[1]. Elle caractérise particulièrement la mouvance d'Al-Qaïda, l'État islamique et de multiples structures autonomes ou personnes isolées s'en inspirant[3].

Les salafistes djihadistes sont également souvent désignés comme des « takfiri » ou de « kharidjites » par leurs adversaires musulmans, en particulier les chiites et les salafistes quiétistes ; des termes que les salafistes djihadistes rejettent[6],[7],[8],[9],[10]. Enfin selon plusieurs chercheurs et notamment Romain Caillet : « Le terme « Kharijites », désignant à l'origine une secte apparue au début de l'histoire islamique, est devenu aujourd'hui une appellation polémique par laquelle les salafistes quiétistes désignent tous les opposants aux régimes arabes, des plus modérés aux plus radicaux », comme les salafistes djihadistes.

Les groupes salafistes djihadistes commencent à recourir au terrorisme à partir des années 1990. Gamaa al-Islamiya est actif dans des attentats contre la police, le personnel du gouvernement et les touristes en Égypte (notamment lors du massacre de Louxor du 17 novembre 1997), et le Groupe islamique armé était le groupe principal pendant la guerre civile algérienne[11]. Les attentats djihadistes salafistes les plus connus d'Amérique sont les Attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis par l'organisation al-Qaïda[12]. Alors que le salafisme n'avait pour ainsi dire aucune présence en Europe dans les années 1980, au milieu des années 2000 le salafisme djihadiste a acquis une présence bourgeonnante, ayant entraîné plus de trente attentats terroristes au sein des pays de l'Union européenne depuis 2001[13]. Le mouvement croît après le printemps arabe, principalement en Irak, en Syrie et en Libye[14].

  1. a et b [vidéo] iReMMO Paris : Dominique Thomas, Abdelasiem El Difraoui, Marjane Kamal - Origines et manifestations du Djihadisme
  2. a b et c Romain Caillet et Pierre Puchot, 2017, p. 36-38.
  3. a et b [PDF](en) Seth G. Jones, A Persistent Threat : The Evolution of al Qa’ida and Other Salafi Jihadists, Rand Corporation, (lire en ligne), p. 2 ; 9;
  4. (en) Assaf Moghadam, The Globalization of Martyrdom : Al Qaeda, Salafi Jihad, and the Diffusion of Suicide Attacks, JHU Press., , 37–8 p. (lire en ligne)
  5. Romain Caillet et Pierre Puchot, 2017, p. 43-47.
  6. [[#Luizard|Pierre-Jean Luizard, Le piège Daech, l'État islamique ou le retour de l'Histoire]], p. 176
  7. Libération : L'État islamique n'est pas qu'une « bande armée », par Jean-Pierre Perrin.
  8. William Audureau, Pourquoi il ne faut pas confondre le salafisme et le takfirisme, Le Monde, 25 novembre 2015.
  9. Bernadette Sauvaget, Éléments de matraquage, Libération, 20 décembre 2015.
  10. Romain Caillet, Salafistes et djihadistes : quelles différences, quels points communs ?, Le Figaro, 26 novembre 2015.
  11. (en)"Jihadis Jihad: The Trail of Political Islam Harvard: Harvard University Press, 2002), p. 219-22
  12. (en)« THE GLOBAL SALAFI JIHAD », the National Commission on Terrorist Attacks Upon the United States, (consulté le )
  13. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées BLivesey
  14. (en) Seth G. Jones, A Persistent Threat : The Evolution of al Qa’ida and Other Salafi Jihadists, Rand Corporation, , ix-xiii (lire en ligne)

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